"Je me suis réveillé dans ce pays mais je suis né dans le pays des mollahs. Je ne me souviens de rien, sauf peut-être, du voile obscur qui nous empêchait de dormir, la nuit, lorsque les avions de Sadam saignaient mon pays déjà meurtrie par des vendredi bien noirs. Des deux fous, l'un deux nous a détruit pour Dieu et, l'autre nous a fait trembler tous les soirs pour le fluide précieux qui bercent le tréfond de notre Terre.
Chaque soir à huit heures, les lumières de la ville laissaient place à l'obscurité du néant, les cris des voitures se transformaient en hurlements aggressifs de chasseurs, et la voix de ma mère finissait par me rendre sourd et aveugle. Les éléphants se cachent bien pour mourir; nous, nous fermons les yeux au dernier moment pour ne pas gacher la surprise, et si l'on survit, j'imagine bien que l'on devra encore fermer les yeux pour dormir.
Puis un jour, je me suis réveillé ailleurs, ici. Lumineuse, grandiose, et bruyante, Paris hurle également tous les premiers mercredi mais cette sirène n'est qu'un métronome pour une ville qui n'a toujours pas compris que chaque instant de vie, chaque jour, remporté sur l'obscurantisme est un pas de plus vers la liberté, eldorado de l'homme en guerre, et peut-être vestige d'un passé révolu. "
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