SOCIALISTES

ECHOS PRIMAIRES

Mardi 15 mars 2011 à 11:14

http://socialistes.cowblog.fr/images/60871317.jpgUne promesse autour de l'idée d'une liberté retrouvée dans un carrefour de Tunis, un espoir de voir le monde arabe, ou le monde musulman dans son ensemble, puisque nous somme chiites, ou sunnites, laïques ou croyants, fanatiques ou modérés, se libérer de la prison, des antagonismes dans lesquels il s'était enfermé.

Au lendemain de la chute du mur de Berlin, certains prédisaient l'émergence d'un monde homogène voué au libéralisme et l'exportation d'un modèle de démocratie à l'occidentale qui, malgré quelques temps d'arrêt important, a su montrer son efficacité à garantir des droits universels que l'on dit inaliénables. L'autodafé du livre de Salman Rushdie, "les versets sataniques", dans une banlieue londonienne d'abord, puis la fatwa de l'Etat islamique qui s'abattait sur l'artiste culotté marqua une nouvelle ligne de clivage dans le monde. Gilles Kepel, dans son ouvrage, "à l'Ouest d'Allah" sur les populations dîtes "musulmanes" immigrés, et dans son livre "jihad, expansion et déclin de l'islamisme", a su prouvé que à l'intérieur des pays développés comme dans les pays du monde musulman, l'islam est devenu bien plus qu'une religion mais une revendication identitaire, une manière de s'opposer directement au modèle offert par les occidentaux. De "Fard", premier gourou de ce qui deviendra la "nation de l'Islam" à Farrakhan, les populations immigrés se retournent vers l'Islam fatigué de perdre dans le grand jeu des nations le dénominateur commun à leur culture. En France, les mouvements algériens du début des années 1990 témoignent de l'islamisation des immigrés que Pierre Mauroy avait qualifié en 1982 de "pantins au service de la République islamique". Les émeutes de 2005 permettent de relativiser l'idée selon laquelle les descendants des premiers immigrés seraient sur la voie de l'islamisation, les jeunes criaient "Mort à la Police" avant de crier "Allah Akbar". Vue de l'intérieur, l'islam fédère même si il n'est pas généralisé mais il suscite de vives réactions. L' affaires Kheroua en France qui gravit les échelons administratifs du chef d'un établissement public jusqu'au Conseil d'Etat pour devenir un cas d'école du principe de laïcité fut la première pierre sur laquelle s'est bâti l'idée d'une République laïque ou la religion serait strictement cantonné au cadre privé. Les lois se succédèrent enfin pour aboutir à l'interdiction de la burqa, loi d'inspiration républicaine mais qui ne s'appliquerait qu'à 300 personnes, et jusqu'à ce qu'un parti ouvertement fasciste ne se fasse sous les traits de sa jeanne d'Arc un peu enrobée, le porte parole de la laïcité. Sarkozy a perdu son pari, renvoyé sur le terrain de la laïcité au rang de gestionnaire utile, il laisse l'héritage français à un front national qui a même osé prononcer le mot de République après celui de préférence nationale.

Sur le plan international, les guerres en Irak et Afghanistan, malgré la sauvagerie et la barbarie des régimes en place, vue de la télévision occidentale, a accentué cette méfiance vis à vis de l'Islam, ou en tout cas de l'Islam politique. Les pays de l'alliance avait justifié leurs interventions armées, avec plus ou moins de justesse, sur la guerre au terrorisme islamique et la présence d'armes de destruction massive. Les images des exécutions dans les stades en Afghanistan étaient tellement insupportables, ces femmes masquées qui se baladaient comme des fantômes apeurées dans les villages afghan ont suscité tellement d'émotion que l'on en a oublié que le président Karzai sollicite déjà les talibans pour divers compromissions(LE Monde). Et d'ailleurs, Hamid Karzai ne serait-il pas déjà le seul rempart contre l'islamisme comme l'avait été Ben Ali avant lui. S.Hutington donne une vision un peu moins bipolaire du monde, mais il remarque bien que les civilisations ne s'opposent plus en fonction d'une idéologie mais en fonction de leur culture. La révolution tunisienne n'était ni de chez Allah ni de chez akbar, elle était porté par une jeunesse en proie à la pauvreté, aux crises qui ont traversées le pays. Les tunisiens sont musulmans mais ils ont prouvé que la révolte arabe pouvait se passer de la religion, et que la démocratie, la République n'est pas forcément islamique dans un pays musulman. Et peut-être, qu'il n'y a pas un modèle à exporter, peut être que la démocratie arabe repose sur d'autres fondements et que l'évangélisme démocratique comme le jihad islamique sont voués à l’échec.

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